Rimatara
Nous voici donc partis en direction de Rimatara, 9 km2, point culminant à 86 m, 900 habitants. Rimatara se trouve toujours dans l'archipel des îles Australes, et est plus proche de l'île Oneroa qui est rattachée aux îles Cook (530 km) que de Tahiti (640 km).
Nous devons loger à la Perruche Rouge, l'une des rares pensions de l'île, qui se situe non loin de l'aéroport et à l'écart des trois villages de l'île.
Notre avion, baptisé Tapuata ("nuage sacré"), nous dépose sans encombres à l'aéroport.
C'est sans doute le seul aéroport au monde dans lequel il est autorisé de faire un feu : la fumée ainsi produite doit purifier les nouveaux arrivants de leurs mauvaises vibrations. Accessoirement, on doit aussi y jeter nos magnifiques couronnes de Rurutu, pour éviter d'importer des maladies végétales, parasites ou espèces potentiellement envahissantes sur l'île.
Les cargaisons amenées par bateau sont également systématiquement fouillées par un chien spécialement entraîné à identifier la présence du rat noir, espèce nuisible totalement absente sur l'île, ce qui lui permet d'abriter une colonie relativement importante de lori de Kuhl, 'ura en langue locale, qui a disparu des autres îles de Polynésie en raison de la prédation du vilain rongeur qui se nourrit de ses oeufs. Grâce à cette mesure, on peut voir cet oiseau relativement facilement sur l'île, où la population s'élève à environ 1000 individus (donc supérieure au nombre d'habitants !).
Nous posons les valises à la pension, un peu étonnés d'être logés dans un bungalow où l'on ne compte que 4 places, alors que nous en avions réservé deux. "Si si c'est là", nous assure la fille des propriétaires. Comme il n'y a que 4 bungalows et que la navette est repartie chercher une famille de 6 et la fameuse Nicole Sanquer qui semble nous suivre partout, nous soupçonnons un léger surbooking.
Finalement, on revient nous chercher pour nous emmener dans deux autres bungalows. Nous nous inquiétons un peu en voyant la jeune fille débarquer à nouveau avec sa mère quelques minutes plus tard, mais c'est juste pour récupérer un matelas. Nous pouvons à présent profiter sereinement de la vue.
Nous regagnons ensuite la salle commune pour un excellent dîner.
Le lendemain est notre seule réelle journée à Rimatara, puisque nous devons nous envoler aux aurores le jour suivant. Nous partons faire un grand tour de l'île à pied, en coupant par un chemin traversier sur lequelle nous espérons bien pouvoir observer le fameux 'ura.
Très vite, nous entendons leur chant assez caractéristique, et c'est Judith-oeil-de-lynx qui en repère un petit groupe dans un arbre proche.
Bon, en photo de loin comme ça et à contre-jour, les couleurs n'ont pas l'air très chatoyantes, j'en conviens. Pourtant cette perruche a les ailes et le dos verts, la tête et le cou rouges, le ventre jaune. C'est très joli à regarder et on reste un petit moment à s'extasier.
La vue est dégagée.
Nous poursuivons notre route entourés d'arbres fruitiers, principalement des pamplemoussiers...
Et des nonis.
Les perruches sont manifestement très friandes de ces fruits, et nous pouvons en voir de plus près.
Le chemin est plat et la balade très agréable malgré le temps un peu maussade.
Iris suit à bonne distance, très occupée par une conversation téléphonique qu'elle tient sur son téléphone en plastique estampillé "Reine des neiges (1)".
Tiens, une tête couronnée !
Nous finissons par arriver tout au sud, au village de Mutuaura. Nous remarquons la gaieté colorée des bacs à recyclage, "pour que notre pays reste propre". Celui-ci est orné d'une jolie tarodière.
Comme à Rurutu, on cultive le pae ore pour le tressage artisanal.
La vaste plage appelle à venir y poser ses fesses.
Nous faisons un détour par la Baie de Vierges, bien à l'abri derrière des blocs coralliens, mais dont la couleur post-diluvienne n'est pas des plus limpides.
Et on repart. Iris passe en mode Gandalf.
Nous longeons d'un côté le cimetière aux tombes immaculées, de l'autre la plage.
Une nouvelle poubelle, qui vient confirmer le caractère bariolé des 'ura.
Même les abribus en sont ornés !
Petite pause devant le temple protestant, derrière lequel se trouve...
Un autre temple.
Alaïs ne peut résister à aller expérimenter un antique dispositif.
Après le 'ura, la déco locale embrasse un thème plus marin.
Nous nous dirigeons à l'est, vers le village d'Amaru.
Iris commence à marquer le pas, mais trouve rapidement une âme compatissante.
Nous longeons de nombreux champs...
Et des hibiscus aux couleurs les plus vives que j'aie vues en Polynésie.
Nouvel abribus...
Nouvelle poubelle !
Non loin, le temple Ziona Tapu...
Et un improbable rond-point.
Il jouxte le cimetière où sont enterrés les rois et reines de l'île.
Vraiment très joli et serein.
Un peu plus loin, une nouvelle poubelle arbore à la fois le petit lori de Kuhl sur sa fleur de bananier...
Et le oromao, ou rousserolle de Rimatara, oiseau endémique.
Un peu plus loin, du pae ore sèche au soleil.
Nous longeons encore quelques champs forts bucoliques avant de rentrer, enfin, à la pension.
Après quelques parties de tarot avec les filles, nous descendons vers la pièce commune dans l'espoir d'apercevoir quelques perruches venues prendre l'apéro. Nos voeux sont exaucés, nous pouvons observer longuement et de très près un petit groupe venu batifoler dans les buissons d'hibiscus.
L'occasion de constater qu'étonnamment, un oiseau aussi bariolé peut en fait être un roi du camouflage !
Pour notre dernière soirée sur l'île, le soleil nous salue de ses rayons.
Le lendemain aux aurores, nous sommes bien à l'heure à l'aéroport.
Bye bye Rimatara !